mardi

Kafka /Reloaded

Comme tout un chacun, je viens de recevoir ma déclaration d'impôts pour l'année 2008. Super imprimé, pré-rempli, tout bien, de la hi-tech. Le centre des impôts est branché sur mes employeurs et mes banques, toutes les cases (à de rares exceptions près) sont pré-remplies. Me voilà joyeux : rien à faire, enfin un progrès dans notre société de paperasserie.

Hmmmm. A y regarder de plus près, un détail m'attire l'oeil. Je dois indiquer mon adresse actuelle et mon adresse au premier janvier 2009. Bien entendu, je pourrais bien simplement laisser mon ancienne adresse : j'ai fait une redirection de courrier vers une boîte postale. Le hic, c'est qu'alors je paierais les impôts locaux, alors qu'il n'y a pas de raison que je les paie...

Pas de souci, j'appelle le numéro de renseignements du centre des impôts. La dame qui me répond est très courtoise... Mais ma situation n'est pas prévue. Pour un pays qui compte au moins 100.000 personnes sans domicile fixe, c'est pour le moins cocasse.

Interdiction de mettre une boîte postale comme adresse. Je dois avoir un domicile, et en avoir eu un au 1er janvier. J'explique et réexplique que ce n'était pas le cas. La solution qui m'est indiquée est de contacter le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS) pour être domicilié. Cela ne m'arrangera pas du tout : y recevoir mon courrier, alors que j'ai une boîte postale par ailleurs, sera franchement inepte. Mais bref.

Je contacte le CCAS : il me renvoient vers le Pôle Accueil Orientation, où je dois rencontrer une assistante sociale (!) Je prends donc rendez-vous, pour que ma demande soit évaluée...

Me voici dans un bureau glauque, mal éclairé par un jour blafard, face à une assistante sociale et un stagiaire. Ils ont l'air bienveillant de rigueur. Moi, je n'ai pas la gueule de l'emploi. Je leur explique que je gagne correctement ma vie, que je n''ai pas de domicile par choix, que j'habite dans un camion et que je fais un travail de ... consultant !

- vous savez, vous êtes un cas un peu atypique...
- oui, je sais.

Après 30 minutes assez surréalistes, l'affaire est entendue : ils m'aideront en appuyant ma demande de domiciliation. Ouf, je peux remplir ma déclaration d'impôts...