mardi

Tourisme à domicile

J'ai voyagé aux quatre coins du monde et aujourd'hui je suis un touriste dans ma région. Je la découvre comme on visite un lieu lointain, étranger, éphémère. Quel renouvellement et quel plaisir ! Si j'étais né en Papouasie, quel exotisme ce serait qu'explorer les Alpes en camping-car... Pour moi l'exotisme est renversé. Il n'est pas dans la destination, mais dans le regard. A n'être nulle part ancré je développe le sentiment d'être partout chez moi. Habiter le Monde.

Pourtant je choisis de rester dans la région. C'est bien un choix, car il y a deux choses : l'ancre, le béton, le lien matériel qui unit à un endroit et agit comme un chaîne. Et il y a la connaissance, celle des lieux et des gens, ce lien immatériel qui construit l'identité. Les amis que j'ai ici, les sommets que je reconnais, les mille souvenirs infimes et précieux, sont la véritable source de mon attachement à la région. C'est bien un choix : demain je pourrais simplement, en une seconde, tourner la clef du démarreur et partir vivre ailleurs.

L'atelier d'artiste

Dans mon camion il y a un atelier d'artiste. Oh, non pas que je sois un grand artiste. Ni que l'atelier soit bien grand. Mais j'aime dessiner. Ou gribouiller. Mais un jour, dans cette vie ou une autre, peut-être que je dessinerai des BDs... Art mineur ? Non, non... Le genre s'est renouvellé, est devenu une vraie discipline artistique entre récit et graphisme. Presque un art complet et la capacité à créer des ambiances, des situations, des vies, des mondes.

Dans l'atelier il y a quelques manuels de technique, pour apprendre à dessiner. Il y a un bloc de feuilles. Il y a quelques porte-mines de différentes couleurs, duretés, diamètres. Il y a une équerre et une gomme. Il y a des stylos à encre et un petit pinceau encreur. Il y a un mini mannequin en bois. Il y a une ardoise et des craies, une petite éponge.

dimanche

L'eau

A bord de mon camion, il y a de l'eau ! L'aménagement comprend un petit évier. Un robinet électrique pompe dans un jerrycan de 20 litres placé dans le placard dessous. Cette eau est bonne pour les tâches ménagères (vaisselle, toilette...) mais je m'en méfie pour la boisson. J'ai donc un bidon de 5 litres pour stocker l'eau à boire. Mais c'est pas très pratique pour boire un coup ou se servir un verre. Deux bouteilles de un litre viennent en plus. Pourquoi deux ? Bah simplement pour pouvoir en emporter une en balade par exemple, ou la prêter, et qu'il en reste une autre !

En France, se ravitailler en eau est facile : robinets un peu partout, fontaines publiques (même si de plus en plus portent un panneau "non potable"...) A l'usage, je me rends compte que je tiens entre deux semaines et un mois avec un seul plein d'eau ! Les eaux usées de l'évier s'écoulent directement dehors. Si ça devait poser problème, j'ai un petit jerrycan pliant d'une dizaine de litres qui pourrait servir à les collecter.

En réalité, le vrai problème de l'eau est celui... du gel. L'an dernier après une nuit glaciale, la température dans le camion au réveil était de -12°C et on avait retrouvé un gros glaçon de 5 litres ! Impossible de faire un thé ou quoi que ce soit de liquide. Je n'ai pas trouvé de solution miracle. L'idée la plus réaliste me semblerait de préparer, le soir, une casserole d'eau, en sachant qu'elle serait gelée le lendemain, de façon à pouvoir la mettre directement sur le feu. Mais après le problème c'est que le réchaud à gaz ne fonctionne plus bien, voire plus du tout, quand il fait très froid.

La question des chiottes est réglée de façon expéditive : pas de chiotte à bord. En milieu urbain, on trouve toujours où aller, même si avec le temps on apprend la stratégie de "guerre préemptive", qui consiste à aller au petit coin dès qu'on peut et non quand ce n'est plus tenable. En milieu rural/naturel, les fourrés font très bien l'affaire...