samedi

Vachement calé

Dans mon camion, il y a deux cales. Ou plutôt elles sont sur le camion : je les fourre dans le bac de toît, placé au dessus du poste de conduite. Vu le poids qu'elles pèsent, aucun risque qu'elles s'envolent. Vu ce qu'elles valent, aucun risque qu'on me les fauche. Et vu qu'elles ont pour vocation d'être positionnées entre les roues cracra du véhicule et le terrain cracra, mieux vaut ne pas avoir à les rentrer dans l'habitacle.

Ces cales faites maison sont des morceaux de palette. Je les ai renforcées dessous par des tronçons massifs de bois. Le première version n'avait pas ces renforts... Au premier essai craaaac, le bois a cédé sous les 2,5 t du fourgon.

A noter que les cales sont utiles quand le terrain est en pente. Mais le gadget ultime, c'est le micro niveau à bulle (nivelle ronde), que je garde près du sège conducteur, qui permet de bien poser le camion à plat !

jeudi

Et le monde s'écroule autour

Les économistes sont des gens étonnant. Ils croient que les arbres poussent jusqu'au ciel...

Deux économistes sont dans un bâteau (du genre galère). Le premier dit à l'autre : nous allons créer de la monnaie. Tiens, je te donne dix Euros. Mais comme la monnaie ne vient pas de nulle part, tu devras me la rendre. Et comme je suis, évidemment, motivé par le profit, il faudra que tu m'en rendes un peu plus. Tu devras me rendre 15 Euros. Pas de problème dit l'autre. Pour te rendre ces 15 Euros, je te les emprunterai ! Le premier voit ça d'un bon oeil : prêtant 15 Euros, il en récupèrera plus de 20...

S'il n'étaient de brillants pontes à la tête d'organismes internationaux prestigieux (banque mondiale, FMI, OMC...) pour nous expliquer que tout cela roule, il semblerait évident à tout un chacun que la formule n'est pas viable. Si la création de monnaie se fait par le crédit, et que les prêts ne sont pas à taux nul, inflation et croissance sont deux ingrédients naturels de l'équation.

Ou pour le dire autrement : la pensée unique présente la croissance comme une nécessité pour améliorer notre qualité de vie (un "progrès" ?) Mais systémiquement, la véritable raison d'être de la croissance est le besoin de payer les intérêts des emprunts - en particulier ceux qui résultent de l'introduction de la monnaie.

Un jour, les arbres qui étaient censés pousser jusqu'au ciel se font bien lourds. Ils craquent, les branches se cassent, les racines s'arrachent.

De la fenêtre de mon camion j'assiste à deux spectacles : la beauté du monde qui m'entoure. Et l'écroulement ("la Crise" !) d'un système financier pourri et des illusions qui allaient avec.

mercredi

Péage catégorique

Les péages français ont un système de tarification par catégories. La catégorie 1, la moins chère, correspond aux véhicules légers de moins de 2 mètres de hauteur. Au delà, la catégorie 2 est plus chère, et ainsi de suite pour les catégories suivantes.

Mon camion est un VW Transporter T3... Le livret technique mentionne une hauteur de 1,99 m. Mais il a été aménagé, et équipé d'une capucine en soufflet. Désormais, il mesure 2,03 mètres de hauteur... Bon, le truc pour passer sans encombre au péage en catégorie 1 consiste à prendre les voies réservées 'cartes bleues'. Le camion racle un peu sous les barres de dissuasion, mais ça passe.

Tout change si on se pointe à un guichet. J'ai eu la brave dame, qui me dit, cash : 'oh vous savez, l'argent ne va pas dans ma poche, je vous fais passer en catégorie 1'. Ou bien, plus enrobé, après quelques négociations : 'oui, ce doivent être les irrégularités, là, sur le toît, qui déclenchent le radar... allez, je vous fais passer en catégorie 1 quand même'.

Et puis il y a l'abruti procédurier et zélé qui ne veut pas en démordre. J'ai une fois demandé au guichetier d'avoir une attestation comme quoi ce véhicule avait été tarifé en catégorie 2, pour tenter une réclamation après coup. Rien à faire. Le guichetier a fini par fermer la file et me planter là, puis est allé aux bureaux contacter la gendarmerie. Là, j'ai pris les devants. J'ai moi-même appelé la gendarmerie de l'autoroute avec mon portable. Bien entendu, le gendarme en fonction est immédiatement monté sur ses grands chevaux : 'entrave à la circulation, si je me déplace, je vous préviens, je vous verbalise immédiatement'. Je calme le jeu : 'attendez, si vous vous déplacez, vous commencerez d'abord par regarder quelle est la situation. Vous ne pouvez pas simplement verbaliser sur la base de ce que racontent les gens du péage'. Pataquès, je passe les détails. Je finis par voir le responsable du péage, plutôt cool et compréhensif. Il me fait l'attestion demandée.

Sur la base de cette attestation, et du livret de mon camion, j'ai posé réclamation auprès de la société d'autoroute... qui m'a donné raison et remoboursé le trop perçu. A bas les guichetiers abrutis et procéduriers.