vendredi

N'importe nawak

Attention mesdames, mesdemoiselles : ça c'est bien un truc de mec. Et encore, les plus fâcheuses diront un truc de geek (le mot est lâché). En tous cas, j'ai pas souvent croisé une femme qui pouvait, ne serait-ce que lointainement, comprendre ça...

Ca, c'est le fétichisme technologique qui relie les grands enfants mâles de l'espèce humaine à leurs jouets de gamins.

Donc ce blog est un blog de mec !!! Si, si, j'en ai la preuve : pas de '<3' à tous les messages, mais... une image de science-fiction. Pff si j'avais encore des doutes sur mon identité sexuelle, ils sont levés. Venons en au fait.

Le VW Transporter T3 a un look d'Aigle comme on en voit dans la série Cosmos 1999 ! La silhouette massive, les quatre pieds (roues), le nez arrondi... Il devait y avoir un truc au niveau du design des années 70/80. Nostalgiques de la série, vous aviez perdu espoir, le matin du jour de l'an 2000, que votre 'aigle' tant aimé ne se matérialise sur votre planète, pour de vrai. Eh bien soyez réconfortés : il s'est réincarné dans mon camion. Bon, la mauvaise nouvelle, c'est que je dois avoir l'air aussi crétin que le commandant Koenig, c'est pas peu dire.

Hot shower

Dans mon camion, il n'y a pas de douche... D'où la question habituelle "mais tu fais comment" ?

Sûr, l'hygiène n'est pour moi pas négociable. C'est d'abord une question pratique : l'hygiène, bah oui, c'est la base de la santé. Ensuite, c'est le respect, pour les autres, pour soi. Et puis c'est un agrément... Alors, mais tu fais comment... ?

Je suis allé au Népal il y a des années. Dans les lodges de l'Himalaya, on pouvait lire 'hot shower' à tout bout de champ. Lorsqu'on demandait une douche chaude, c'était assez surprenant. Une fois on s'est retrouvés à loilpé avec deux potes à se partager un bassin d'eau chaude dans le poulailler... Certaines fois, la fatigue, l'altitude ou la bêtise (voire les trois) aidant j'étais scandalisé... Jusqu'à ce que je comprenne un jour, que mon indignation ne venait que du terme. Non, ce n'était pas une 'hot shower' Remboursez, rendez l'argent !! Mais c'était bien suffisant pour se laver. Même le luxe, selon les critères népalais.

En Mauritanie nous nous lavions... euh, non, nous ne nous lavions pas. Mais l'air sec du désert, malgré la transpiration abondante, laissait la peau dans un état, disons correct. L'eau des oasis était souvent trop turbide. Mais quand, après plusieurs jours, on avait accès à l'eau, et qu'il y en avait suffisamment pour qu'on la gâcher à se nettoyer au lieu de la boire... Quel luxe !

Aux Etats-Unis une année, le puits de la famille qui m'hébergeait étant tari, je me lavais dans l'équivalent d'un verre d'eau chaque matin.

En montagne, par des températures négatives, ou dans les torrents bien frais, la toilette se fait très, très rapidement. A la neige parfois.

Aux Antilles, en, voilier, c'était sous les pluies d'orage que nous sortions, nus, sur le pont avec le gel douche.

Alors voilà dans le camion, pour me laver, j'ai un robinet (électrique) relié à un jerrycan de 20 l. Pour l'été, j'ai une douche solaire, sur le toît. Mais là, c'est l'hiver... Gant de toilette fort utile. Ca c'est la base. C'est utilisable même en pleine ville, à condition de mettre les caches sur les vitres, pour éviter l'attentat à la pudeur !

Mais le mieux, c'est de squatter les douches. Amis et familles mis à part, les bons plans sont : les vestiaires des stades et équipements sportifs ; les bases de loisirs ; les piscines, à condition de payer ; les aires d'autoroute, où il y a des équipements pour les routiers... Et puis les campings, mais là c'est de la triche, hein ?

Et puis c'est toujours cool d'avoir des lingettes, celles pour laver les fesses des bébés. Pour se nettoyer rapidos les mains après les avoir plongées dans le moteur, ou même pour une toilette "de chat" le jour où il fait moins vingt...

jeudi

La Machine

Je vous présente la Machine : un VW Transporter T3 de 1987 - aménagé en camping car en 2001, avec capucine ouvrante. Motorisation TD (c'est un moteur de Golf). Le moteur de mon camion a été remplacé en échange standard par un qui compte aujourd'hui 197000 km. Petite révision chez un spécialiste (Intec Motors, ils sont vraiment compétents et sympa). La Machine tourne rond mais consomme un peu d'huile (1 litre aux 500 ou 1000 km...) Il parait que ce n'est pas anormal sur des moteurs de cette génération. J'ai toujours 5 à 10 litres de 15W40 d'avance à bord.

Vitesse de pointe 110 km/h, ce qui évite les risques d'excès de grande vitesse sur autoroute. A bas régime, la Machine pétarade en grasseyant comme une Harley au ralenti. Dans les montées, il ne faut pas être pressé. La boîte est assez mal calculée, il y a un trou énorme entre les rapports.

Tout cela rappelle les diesels marins. Avec le gentil roulis des suspensions dans les courbes, la tenue de route flottante quand il y a du vent et que le paysage défile à un rythme paisible, tout évoque le bateau. Mais en mer, on envoie les voiles avant de faire route. Dans la Machine, c'est l'inverse : on envoie la capucine une fois à l'arrêt et on la ferle soigneusement avant de larguer les amarres.

lundi

A Small World - Indeed

J'ai toujours été fasciné par les petits mondes suspendus... Capsules spatiales, navires, long courriers aux contrails flamboyants, trains transcontinentaux, cabanes du Vercors et d'ailleurs... Gamin j'imaginais des vaisseaux spatiaux, des machines autonomes, des tonneaux pour traverser les océans, des trousses magiques qui, dans le volume d'un portefeuille, auraient contenu l'indispensable pour survivre.

Chaque fois que je vole au long cours, je savoure les quelques heures supendues dans ce monde flottant, bulle au milieu des airs, système, organisme vivant : hospitalier vu de l'intérieur, si intangible vu du sol. Sous mes pieds, 30.000... pieds de vacuité. Et pourtant, un jus de tomate sur la tablette, emmitouflé dans des vêtements confortables, je somnole paisiblement en rêvant à la téléportation qui s'opère. J'habite un immeuble flottant dans les airs.

Ces petits mondes ont une peau, une pellicule, une interface, qui sépare l'intérieur de l'extérieur. Telle une membrane cellulaire elle permet une homéostasie interne en dépit des conditions hostiles du dehors. Je me réchauffe allongé dans la couchette d'un voilier dont la coque s'écrase contre l'eau à chaque lame... Des kilomètres d'eau dessous, une immensité d'eau autour, le vide de l'espace au dessus. Et ce petit monde qui maintient, cahin-caha, un peu d'hospitalité.

La membrane reste poreuse : la lumière des étoiles baigne le vaisseau spatial, les embruns habitent le navire, les marchands harcèlent les passagers des trains à chaque halte. Je pense aux Chartreux, moines reclus qui, de la solitude de leur cellule, cherchent à s'approcher de Dieu et, surtout, à intercéder en faveur de leurs frères humains. Malgré la réclusion, la membrane reste perméable, à la pensée, à la prière. Bien que viscéralement agnostique je perçois la nature de leur élan.

Avoir tout en ayant peu. Ce peut être un projet de vie, ce peut être une expérience. Dans les deux sens d'experience et d'experiment, en anglais. Essayer, au moins une fois, constater et ressentir. Mais aussi tester, expérimenter et mettre au point. Cerveau droit, cerveau gauche.

C'est pour moi un petit projet, un voyage à domicile, qui a eu un début, qui aura une fin.