jeudi

Loup de mer

Cet après-midi je me garais cours Berriat. Le créneau avec le camion est toujours un exercice subtil. Sans visibilité, tout se fait au rétro comme chez les camioneurs les plus habiles. La direction assistée en moins.

Un petit bonhomme barbu se cale sur le trottoir au niveau de la fenêtre passager et me guide avec assurance. "Faites moi confiance, j'en ai un pareil". Le camion trouve sa place le long du trottoir et je descends remercier le bonhomme. Nous discutons. Son engin, lui, a bien 600000 km au compteur. Le monsieur, pour sa part, a été mécano dans la marine marchande. Il connait la motorisation des Transporter sur le bout des doigts. Ne jamais trop tirer sur le moteur, me dit-il, ni le faire travailler à trop bas régime. Lui laisser le temps de chauffer et ne pas l'éteindre brutalement après s'être arrêté. Le joint torique de la pompe à diesel, une vraie merde à changer, quatre heures de main d'œuvre pour une pièce qui vaut quelques centimes.

On compare les aménagements. Lui a équipé son camion avec du mobilier amovible. Il a aussi un petit bateau, 5m50 à peu près. Il transbahute le frigo de son camion dans son bateau, avec le mobilier et les affaires. Un petit capteur solaire sur le roof et c'est marre. 15 jours dans les îles sans être dérangé.

Il ponctue ses phrases en tournant le visage vers le ciel, les yeux clos dans une délectation de quelques secondes, le temps de quelques mots.

Le bonhomme a bourlingué. Il a bossé à l'usine, a fait des heures de vol à l'aérodrome, avant la construction du Versoud. Son téléphone sonne : "j'arrive, j'étais en route". Nous avons discuté peut-être une demi-heure ? Une heure ? Le temps a repris son vol et le petit bonhomme barbu tourne au coin de la rue.

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