vendredi

De profundis... camionibus

 Ce blog s'ennuie. Si, si, il s'ennuie.

Feu le camion a disparu il y a déjà longtemps. La date exacte a été perdue, dans les limbes de la mémoire humaine. 

Le camtar a péri, après un mois de prêt à un couple d'amies. Celles-ci l'ont bien utilisé. Mais au retour, le camion était souffrant. Puis, par une funeste journée, sur un tronçon d'autoroute, ce fut le drame : des glog-glong dans le moteur, puis plus rien. La courroie de distribution avait sauté. Il semblerait qu'elle avait été montée à l'envers.

La suite fut assez surprenante. Je mis le camion en vente pour une somme modique et pour pièces. Un amateur, résidant à l'autre bout de la France, l'acheta sans même le voir. Puis traversa le pays, avec familles et boule d'attelage, pour le chercher, non sans récupérer, au passage, un moteur à 200 km de là.

Un copain se chargea d'accueillir l'acheteur, car j'étais alors en voyage. Remis les clefs, tout ça. Et le camion parti.

A ma surprise, de retour de voyage, ce copain m'annonça qu'il était, lui-même, désormais propriétaire de l'engin !

L'acheteur, avec famille, camion en remorque, et moteur de rechange dans le camion, ne fit pas 100 km, que son véhicule se mit à chauffer, tandis que la scène de ménage faisait rage dans l'habitacle, avec les gosses derrière.

L'acheteur craqua. Ramena le camion à mon copain, qui lui recheta ! Avec le moteur de rechange !!

Depuis, ledit copain a changé le moteur (sur le parking ...) et le camtar connu une seconde (euh, troisième ? quatrième) vie ...

Comme quoi, les résurections, ce n'est pas que dans les histoires de curés.

samedi

Droides et crétins

Comment commencer ce billet... Ah, je suis énervé. Je sens que je vais m'emporter. Je sens que je vais dire des choses que je pense.

Je ne suis pas Monsieur Toutlemonde, avec son logement, son travail, sa famille et sa télécommande. Je suis dans la peau d'un intouchable occidental. Sauf que je ne suis pas un intouchable "de naissance". Je viens y faire un tour. Je teste ma liberté. Ouch. De liberté... que nous reste-t-il ? La liberté d'être dans le moule, sans aucun doute. La liberté de choisir ce à quoi nous sommes de toutes façons contraints. Illustration à travers les mille tracas quotidiens infligés par droides et crétins.

L'autre jour je reçois un PV par voie postale. J'aurais commis un... excès de vitesse avec mon camion ! Le bouzin, qui date de 1986, avec ses 200.000 bornes au compteur, dépasse à peine les 100 Km/h sur l'autoroute, toutes voiles dehors et par vent arrière.

Mais bon. Un droide l'a dit. Un droide : un radar automatique. Une machine à punir automatique. Je m'empresse de contester. Que nenni me répond-on. Je peux m'entêter et porter l'affaire devant le tribunal. Mais, détail croustillant, pour cela il faut que je "consigne" une somme, correspondant à l'amende. Bien évidemment, si dans un siècle, j'ai gain de cause, elle me sera rendue. En attendant, je dois payer. Ce n'est pas de la présomption de culpabilité, non... juste de la punition temporaire.

Je m'exécute, par internet. C'est très bien fait : un site web, une carte bleue, les nouvelles technologies au service de la régression des libertés individuelles.

Puis voici que ce matin je reçois un appel sur mon portable...

- Allô, Monsieur X (je vous rappelle : je suis anonyme sur ce blog).
- oui c'est à quel sujet ?
- c'est le commissariat de Trifouilli-les-Oies
- c'est à quel sujet ?
- voilà, vous habitez bien au Y (je vous rappelle : je suis anonyme sur ce blog).
- c'est à quel sujet ?
- voilà vous avez récemment contesté un excès de vitesse.
- ah oui, c'est exact, que puis-je faire pour vous ?
- voilà, vous habitez bien au Y ?
- c'est mon adresse postale.

Explication : bien entendu, mon adresse postale n'est pas mon adresse de résidence, puisque je suis SDF. Mais cela, le képi téléphonique ne peut ni le comprendre, ni le supporter. Un bon citoyen doit être localisé. Sinon, il est suspect.

- ah, mais vous y résidez ?
- c'est mon adresse postale. Pourquoi ?
- j'ai une convocation à vous transmettre.
- très bien, vous pouvez me l'envoyer.
- voilà je vous explique. On a pour adresse pour vous le CCAS de Trifouilli... On vous a écrit et le courrier nous est revenu.

Je passe les détails. Les emmerdes du quotidien, c'est chiant, c'est chiant à écrire, c'est chiant à lire. C'est chiant à l'écran. C'est chiant quand on détaille. Ce n'est pas exotique. Voilà pourquoi c'est si mal documenté dans les films, reportages, émissions, articles, de nos media. Qui a envie de rentrer dans le détail des mécanismes aliénants de notre monde ? A quoi bon ? De toutes façons, on a les mêmes à la maison. Même - et surtout - quand on n'a pas de maison.

Cette micro-péripétie me renvoie instantanément vers... le CCAS :) Mais oui, vous savez, le sauveur qui m'avait sauvé la mise, l'an dernier, en me domiciliant alors que le fisc exigeait, pour ma déclaration d'impôts, que j'ai une adresse "en dur"...

Sauf que nous sommes un an plus tard. La domiciliation a expiré. Sans que j'en sois averti. Et sans autre forme de procès... Bon, je peux toujours retourner voir mon assistante sociale... Mais cela ne fera que repousser le problème d'un cran.

Le pot aux roses est ailleurs...

Une fois la domiciliation expirée, le CCAS renvoie purement et simplement le courrier (NPAI, N'habite Pas à l'Adresse Indiquée) aux expéditeurs. Il ne fait pas suivre :) Trop bien. Comme ça, par exemple, les impôts, un an plus tard, avec leur gueule enfarinée, vont m'adresser je ne sais quel courrier (déclaration, tiers provisionnel, que sais-je) et se voir retourner la lettre. Sans que j'en sache rien. Sans que la lettre ne suive.

Là on touche du doigt le double effet Kiss-Cool de la domiciliation :
  • phase 1, lorsque l'on n'a pas de domicile fixe - il est obligatoire de se faire domicilier
  • phase 2, s'il advient que l'on se retrouve dans un domicile fixe par la suite - alors le courrier (administratif) se perd.
Autrement dit, la domiciliation "sociale" ne sert pas à offrir une adresse, elle sert à différer le moment où le courrier sera perdu. Avec l'effet de bord hallucinant, à supposer que vous soyiez dans la merde et que vous vous en sortiez, que c'est aun moment où vous sortez la tête de l'eau que vous vous retrouvez sans correspondance !

mercredi

St Trop

Petit tour en camion pour le week-end du côté de St Trop/Ramatuelle... Sympa de circuler en T3 parmi les Porsche Cheyenne, Ferrari, Jaguar, BMW.... Connards en camping-car, connards en Cheyenne, un partout.

Ce n'est pas encore la haute saison mais les parkings sont bien pleins en journée. Très beau temps, l'occasion de se baigner dans les criques un peu à l'écart. Le soir, certains parkings de bord de mer sont étonnamment vides et calmes. Une petite ambiance de mouillage, version terrestre.

Met de l'huile (le retour)

Hier j'allais à l'Entrepôt du Bricolage pour acheter une bâche, pour faire un auvent arrière pour la Machine. Sur le parking, je tombe sur un Multivan bordeaux que j'inspecte avec attention. Il est un peu piqué de partout. Le propriétaire arrive alors :
- "vous voulez en acheter un ? J'en ai un autre, essence, à vendre. Celui là c'est un Turbo-D, avec le moteur de Golf"
Je lui réponds que j'en ai déjà un, que je regardais sa carrosserie, qui est un peu piquée. Il a importé l'engin d'Allemagne, l'a fait ré-immatriculer. Son engin date de 1981, il est équipé d'origine d'une banquette convertible et d'une table escamotable. Il a 300.000 km au compteur et tourne toujours comme une horloge. Je lui parle de la rouille...
- "oui un de ces jours je vais poncer et repeindre..."
- "toute la carrosserie ? c'est un sacré boulot !"
- "je sais pas, je verrai..."
Et alors, le propriétaire me dit tout à coup : "vous savez qu'avec ça on peut rouler à l'huile ?"
Je suis interloqué : "à l'huile ?"
- "oui, à l'huile de frites !! Je récupère de l'huile ici ou là, je la filtre et je la met dans le réservoir."
- "vous plaisantez !"
- "non, non, vous avez internet ?" me demande le gars... "Allez voir le site oliomobile.fr - il y a tout expliqué, dessus."

Bon... L'huile et le Transporter, ça semble être un histoire d'amour. Huile dans le carter, huile dans les cylindres...

Depuis, j'ai appris qu'on peut rouler avec un moteur diesel sans modification en mettant 30% d'huile végétale pour 70% de gasoil... Si on achète de l'huile de tournesol en grande surface (raffinée et filtrée), aucune opération de filtrage n'est utile. Pour les huiles brutes ou usagées, un filtrage à 5 micromètres est nécessaire.

mardi

Kafka /Reloaded

Comme tout un chacun, je viens de recevoir ma déclaration d'impôts pour l'année 2008. Super imprimé, pré-rempli, tout bien, de la hi-tech. Le centre des impôts est branché sur mes employeurs et mes banques, toutes les cases (à de rares exceptions près) sont pré-remplies. Me voilà joyeux : rien à faire, enfin un progrès dans notre société de paperasserie.

Hmmmm. A y regarder de plus près, un détail m'attire l'oeil. Je dois indiquer mon adresse actuelle et mon adresse au premier janvier 2009. Bien entendu, je pourrais bien simplement laisser mon ancienne adresse : j'ai fait une redirection de courrier vers une boîte postale. Le hic, c'est qu'alors je paierais les impôts locaux, alors qu'il n'y a pas de raison que je les paie...

Pas de souci, j'appelle le numéro de renseignements du centre des impôts. La dame qui me répond est très courtoise... Mais ma situation n'est pas prévue. Pour un pays qui compte au moins 100.000 personnes sans domicile fixe, c'est pour le moins cocasse.

Interdiction de mettre une boîte postale comme adresse. Je dois avoir un domicile, et en avoir eu un au 1er janvier. J'explique et réexplique que ce n'était pas le cas. La solution qui m'est indiquée est de contacter le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS) pour être domicilié. Cela ne m'arrangera pas du tout : y recevoir mon courrier, alors que j'ai une boîte postale par ailleurs, sera franchement inepte. Mais bref.

Je contacte le CCAS : il me renvoient vers le Pôle Accueil Orientation, où je dois rencontrer une assistante sociale (!) Je prends donc rendez-vous, pour que ma demande soit évaluée...

Me voici dans un bureau glauque, mal éclairé par un jour blafard, face à une assistante sociale et un stagiaire. Ils ont l'air bienveillant de rigueur. Moi, je n'ai pas la gueule de l'emploi. Je leur explique que je gagne correctement ma vie, que je n''ai pas de domicile par choix, que j'habite dans un camion et que je fais un travail de ... consultant !

- vous savez, vous êtes un cas un peu atypique...
- oui, je sais.

Après 30 minutes assez surréalistes, l'affaire est entendue : ils m'aideront en appuyant ma demande de domiciliation. Ouf, je peux remplir ma déclaration d'impôts...

dimanche

Rouille ouille ouille

Mauvaise nouvelle : la carrosserie rouille... Apparemment un des précédents propriétaires a repeint la tôle au rouleau, et maintenant la rouille refait surface. A l'époque où le camion a été fabriqué, les carrosseries n'étaient pas traitées comme aujourd'hui, et elles étaient moins résistantes. D'après le garagiste (Intec Motors), si on ne fait rien, dans deux ou trois ans le camion tombera en poussière. Un traitement complet par un carrossier irait chercher dans les 2 à 3000 Euros. La rouille est la maladie de ces engins : elle apparaît au niveau des joints de soudure de la carrosserie, des ouvertures et bien sûr du bas de caisse. Il faut particulièrement se méfier des routes de montagne et des stations de ski : à cause du sel qui accélère la corrosion.

jeudi

Connard en Camping Car !

En surfant d'un oeil distrait pour retrouver le clip de Carla Brunette déclarant qu'elle aime être "téléportée" (si, si) je suis tombé sur LE morceau ultime, l'hymne définitif au camping-car lifestyle :) Un pur moment de bonheur par Edourad Nenez et les Princes de Bretagne :



(Photos du making of ici)